La migration de l’intérêt et de la confiance des lecteurs

Les médias traditionnels ont longtemps été les piliers de l’information, diffusant des nouvelles à travers les journaux, les chaînes de télévision et les stations de radio. Toutefois, depuis le tournant des années 2000, un changement s’est opéré dans la manière dont le public consomme et perçoit l’information. Cette transformation a été accentuée par l’émergence des médias sociaux et des blogues, engendrant une migration sans précédent de l’intérêt et de la confiance des lecteurs. “Il est toutefois important de reconnaître que les nouveaux médias ne surgissent pas dans un vide. Ils héritent des enseignements des médias traditionnels, utilisent leurs infrastructures, et bénéficient de la maturation des modèles publicitaires testés au préalable” (Dupont, 2023).

L’ascension des médias sociaux et la chute des médias traditionnels

Les médias sociaux ont introduit un nouveau paysage médiatique, offrant une plateforme interactive où chacun peut devenir créateur et consommateur d’informations. La vitesse de diffusion et la viralité des contenus ont propulsé des sujets au-devant de la scène, souvent au détriment de la vérification et de l’exactitude des informations. Cette instantanéité a parfois fait primer la sensation sur la substance, générant des bouleversements dans la façon dont les gens perçoivent les nouvelles. Par exemple, tout au long de la pandémie de COVID-19, les médias sociaux sont devenus un terreau fertile pour la désinformation et les théories du complot sur le virus, ses origines et les traitements potentiels Comme en témoigne Maude Guindon dans son mémoire Entre réinformation et complotisme (2022). Des affirmations fausses et des informations trompeuses se sont propagées rapidement, dépassant souvent les efforts des médias traditionnels pour contrer ces récits. Cet exemple met en évidence les difficultés de combattre la désinformation dans les médias sociaux, domaine décentralisé et non réglementé.

En parallèle, les médias traditionnels ont eux aussi eu leur lot de scandales qui ont entaché la confiance du public. Ils ont vu leur crédibilité ébranlée par une série d’événements exposés au grand jour, comme la manipulation de l’information, les erreurs de couverture et les biais ou la corruption des journalistes (INF6107). L’érosion de cette confiance a été alimentée par une perception grandissante de partialité, un focus sur le sensationnalisme au détriment de l’objectivité et une perte de contact avec les préoccupations quotidiennes des gens ordinaires.

La désillusion du public et la quête de nouvelles sources

Depuis lors, les lecteurs se sont détournés des médias traditionnels, se tournant vers les plateformes en ligne, les blogues et les réseaux sociaux pour obtenir leur dose d’actualités. Cependant, cette migration n’est pas exempte de faiblesses. La diffusion des fausses informations, la polarisation des opinions et les bulles informationnelles ont émergé de manière inquiétante. Les algorithmes des médias sociaux, conçus pour maximiser l’engagement, ont créé des écosystèmes où les utilisateurs sont souvent exposés à des contenus confirmant leurs propres opinions, alimentant ainsi la division et l’extrémisme.

En réponse à cette crise de confiance, de nombreux consommateurs d’informations sont devenus plus attentifs à la vérification des faits et à la diversification de leurs sources. Les médias traditionnels cherchent également à regagner la confiance perdue en mettant l’accent sur la transparence, la véracité des faits et la mise en contexte des événements. Des plateformes comme “The Washington Post’s Fact Checker” et “BBC Reality Check” ou les “Décrypteurs” au Canada, visent à scruter les nouvelles qui circulent sur les réseaux sociaux et les déclarations faites par les personnalités publiques et à fournir aux internautes des informations vérifiées et basées sur des preuves, soulignant ainsi l’importance de l’exactitude et de la responsabilité dans la diffusion.

La vigilence en contexte d’abondance

La migration vers les médias sociaux et les blogues a remodelé le paysage médiatique de manière profonde. Toutefois, la quête d’une information fiable et impartiale demeure cruciale. Les consommateurs d’informations doivent être conscients des pièges des bulles informationnelles, par exemple, celui d’accroitre leur biais de confirmation. La responsabilité individuelle dans la vérification des sources et la remise en question des informations véhiculées sont devenues des compétences essentielles pour naviguer dans ce nouvel écosystème médiatique.

Renforcer la littératie médiatique est essentiel pour habiliter les consommateurs à développer leur pensée critique, consommer et partager les informations. À titre d’exemples :

1. Comparer la couverture d’un même événement par différents médias pour discerner les différences de traitement en fonction des orientations politiques ou des intérêts spécifiques.

2. Encourager à rechercher des preuves ou des données corroborant les affirmations d’un article ou d’une vidéo.

3. Utiliser des sites web de vérification des faits tel que “HoaxBuster” pour vérifier la véracité des informations avant de les partager.

4. Discuter des techniques courantes de désinformation, comme le “clickbait” ou les “deepfakes”, pour aider à reconnaître et éviter ces pièges.

5. Encourager à suivre des médias provenant de différents pays ou cultures pour élargir la compréhension des enjeux mondiaux.

6. Expliquer l’impact potentiel de la diffusion de fausses informations sur la crédibilité personnelle et sur la société en général.

L’évolution vers une consommation responsable de l’information

En définitive, la question de savoir si les médias de masse sont fiction ou réalité trouve sa réponse dans un univers plus complexe. Les médias traditionnels restent des acteurs influents malgré les défis rencontrés, tandis que les médias sociaux et les blogues ont élargi le paysage médiatique, offrant de nouvelles opportunités mais aussi un chaos dans lequel il est difficile pour le consommateur de distinguer le vrai du faux. À l’ère numérique, la crédibilité des médias dépend autant de la qualité de leur contenu que de la capacité des lecteurs à exercer un discernement critique dans leur consommation d’informations.

En fournissant une éducation et des conseils appropriés sur ces aspects, les individus peuvent naviguer efficacement dans ce dédale d’informations en constante évolution, ce qui leur permet de prendre des décisions éclairées et de contribuer à une société mieux informée.

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