Mise en contexte

Description du milieu universitaire au Canada

Le milieu universitaire au Canada est caractérisé par sa diversité, comprenant des grandes universités de recherche ainsi que de plus petites institutions axées sur des programmes spécifiques. Elles jouent un rôle central dans la recherche, l’innovation et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée.

Structures de communication

Les universités sont des institutions hautement hiérarchisées. Les structures de communication formelles, telles que les départements de communication des unités administratives et académiques et le bureau des relations publiques, sont responsables de la gestion des communications institutionnelles et de l’image de marque pour l’ensemble des services. En parallèle, il existe des structures informelles telles que les groupes sociaux. Ces groupes, composés d’étudiants et d’associations, communiquent via les forums, les chats, les groupes privés sur les médias sociaux, les courriels, etc., favorisant les interactions entre eux ainsi qu’avec le corps professoral et le personnel administratif. Clay Shirky illustre bien la distinction entre les deux types de structures dans cette vidéo intitulée institution vs collaboration.

Pérennité des structures et tendances actuelles

La pérennité des structures actuelles repose en grande partie sur le financement gouvernemental, les inscriptions étudiantes, les partenariats industriels et les dons philanthropiques. Les universités s’efforcent également de maintenir leur réputation et leur classement au niveau national et international pour attirer les meilleurs candidats et chercheurs.

Certaines tendances observées dans les universités canadiennes comprennent une augmentation de l’utilisation des technologies éducatives, une demande croissante pour des programmes d’études en ligne, une attention accrue à l’accessibilité, à la diversité et à l’inclusion, ainsi qu’une collaboration renforcée avec l’industrie et la communauté locale.

Forces ou volontés sous-jacentes à ces tendances

Les tendances émergentes en éducation postsecondaire sont influencées par des facteurs tels que les avancées technologiques, les changements démographiques, les exigences du marché du travail et les pressions économiques. Les universités sont également motivées par le désir d’innover, de rester compétitives et de répondre aux besoins changeants des étudiants et de la société. Plusieurs études sur la mise en œuvre des technologies avancées dans les salles de classe remontent à environ 30 ans (Alan et Mohanty, 2023). Il est donc plus que temps de s’y mettre. Juillet 2024 marquera la 25e édition de la conférence AIEd (Intelligence artificielle en éducation) organisée par la Société internationale AIEd, qui se tiendra au Brésil. Un événement à ne pas manquer pour être au courant des dernières tendances.

Les acteurs clés dans les universités

Rôles et besoins de chacun

  1. Étudiants : Cherchent à obtenir une éducation de qualité, à participer à des activités parascolaires et à s’impliquer dans la vie étudiante.
  2. Diplômés et donateurs : Font rayonner l’institution au-delà de ses murs, soutiennent les communautés étudiantes et contribuent à la société de demain.
  3. Professeurs, personnel d’encadrement et chercheurs : Sont chargés de l’enseignement, de la recherche et de la supervision des étudiants et mènent des recherches de pointe dans leurs domaines respectifs.
  4. Personnel de soutien administratif, professionnels et cadres intermédiaires : Assurent et gèrent les opérations quotidiennes de l’université, y compris les services, la logistique, les finances et les ressources humaines.
  5. Haute direction : Détermine les orientations, encadre les activités stratégiques et gère les enjeux politiques et les différentes équipes de cadres.

Approche préconisée pour déterminer les besoins des étudiants

L’approche du cycle de vie est souvent utilisée par les administrateurs pour cartographier la vie étudiante. En effet, cette approche distingue les éléments critiques de l’expérience permettant la conception et la prestation de services ciblés. Le cycle de vie de l’étudiant dans l’enseignement supérieur est défini comme le premier contact avec une institution jusqu’à la diplomation. Le but ultime d’un étudiant est la réussite académique accompagnée du développement personnel à travers l’expérience universitaire.

Cependant, la réussite au sens large, ou plutôt les réussites reposent sur un ensemble de facteurs de la vie étudiante. Ces facteurs incluent notamment le bien-être mental et le soutien, les interactions sociales, le sport et la santé physique, un équilibre de vie sain, tous contribuant à faire du parcours universitaire une expérience inoubliable (Khare et al., 2018). La figure 1 qui suit présente le parcours schématisé par Dr. Michelle Morgan, spécialiste britannique de l’expérience étudiante en enseignement supérieur.

À partir de ce graphique, nous verrons comment le Web Social évolue dans les universités pour favoriser les réussites.

Figure 1. The Student Experience Practionner Transitions (SEPT) framework (Morgan, 2018)

Introduction

Le Web Social occupe actuellement une place centrale dans les moyens de communication. Il transforme la manière dont les universités recrutent, diffusent l’information et partagent les connaissances, mais aussi la manière dont les étudiants communiquent et souhaitent être rejoints. Étant particulièrement interpellés par les impacts du Web Social sur les services offerts par les universités aux différentes populations étudiantes, nous explorerons les innovations émergentes pour anticiper les transformations à venir à court, moyen et long termes.

Transformations à venir

Court terme : Balbutiements de la transformation numérique

Un an

Durant la pandémie, les universités ont redoublé d’efforts pour accélérer leur transition vers le numérique. Il est donc inimaginable de revenir en arrière sur plusieurs fronts, car des progrès significatifs ont permis à de nombreuses institutions de franchir enfin le cap du XXIe siècle. Toutefois, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Les préoccupations

Dans la prochaine année, le Web Social servira de catalyseur pour une transition vers un modèle d’enseignement et d’apprentissage plus flexible et accessible. Les universités consolideront les approches hybrides forcées de coexister depuis l’ère postpandémique, combinant l’apprentissage en ligne et en personne pour répondre aux besoins diversifiés des clientèles étudiantes et favoriser l’inclusion. Elles poursuivront aussi sur la voie de la transversalité vers des incubateurs de connaissances, mettant en liens des étudiants, des chercheurs, des entrepreneurs et des praticiens pour relever les défis mondiaux les plus pressants.

L’amélioration des outils de Web Social pour augmenter la visibilité, l’accessibilité et les interactions avec les candidats potentiels, devra être au cœur des réformes. S’adapter aux préférences et aux comportements des nouvelles générations est d’une importance capitale dans la course au recrutement des meilleurs talents en ces années de baisse d’effectifs (Provost, 2022).

Ces futurs universitaires sont profondément enracinés dans le numérique et préfèrent souvent effectuer leur recherche de façon autonome sur le Web et communiquer à travers des plateformes de messagerie instantanée. Les universités devront exploiter davantage ces canaux pour établir des relations authentiques avec les futurs étudiants, tout en offrant un soutien individualisé qui répond à leurs questions et préoccupations.

Voici quelques exemples d’actions concrètes qui peuvent être faites à court terme pour combler ces besoins :

  • Améliorer le contenu des chatbots;
  • Prendre en charge rapidement les demandes d’informations;
  • Dynamiser les visites virtuelles des campus;
  • Pousser l’information pertinente (push textos);
  • Confirmer les rendez-vous par texto.

Le contenu et les moyens

Le développement de contenus pour des apps, des articles de blogues et les réseaux sociaux tels qu’Instagram, Facebook et Youtube resteront des canaux de communication et de recrutement essentiels. Ces plateformes permettent aux établissements d’atteindre un public mondial et de partager des informations sur leurs programmes, leurs événements et leurs réalisations, ainsi que de promouvoir l’expérience étudiante et la vie sur le campus. Les unités pourront s’ouvrir aux nouveaux connecteurs qui abordent des sujets qui préoccupent leurs populations étudiantes dont les médias traditionnels ou l’institution n’ont pas choisi d’en faire le récit. Un blogue comme SystemD pourra être partagé afin d’outiller les actuels et futurs étudiants à s’orienter et à planifier leur projet d’études.

Les plateformes de partage de contenu telles que TikTok et Twitch deviendront des espaces privilégiés pour l’apprentissage informel, offrant aux étudiants la possibilité d’explorer des sujets de manière ludique et captivante.

La plupart des établissements seront toutefois limités dans leur capacité à participer au récit sur ces médias, car ils ont emboîté le pas au gouvernement canadien qui, en février 2023, a expressément interdit à ses employés d’utiliser TikTok dans un cadre professionnel. Des mesures de contournement ou des alternatives devront être mises de l’avant par les universités pour ne pas être exclues de la conversation.

À cet effet, des stratégies de contenu numérique plus sophistiquées et adaptées aux préférences de consommation des médias actuels, telles que de courtes vidéos de type YouTube shorts et Instagram live, devront être réfléchies par les différents services. Des podcasts, des webinaires et des ateliers en ligne continueront d’exister pour partager des connaissances, discuter des tendances et engager la communauté universitaire dans un dialogue ouvert. Pour déterminer les moyens et la pertinence des contenus à partager, des quiz, des focus groupes et des appels à contribution devront être organisés sur les différents médias pour sonder les acteurs visés.

En effet, les étudiants universitaires recherchent des expériences interactives et immersives qui leur permettent de se connecter avec leurs pairs et d’explorer de nouveaux domaines d’intérêt. Les universités les plus avant-gardistes sont munies de plateformes permettant ces échanges, mais les étudiants eux-mêmes créent des initiatives là où le besoin de renforcer le sentiment d’appartenance et de soutien se fait sentir. Il existe en effet de nombreuses communautés, regroupements et associations ayant pris les devants pour offrir ces espaces de partage. Le groupe Facebook étudiant de Concordia en est un bon exemple avec ses 21 400 membres.

Les changements de paradigmes

Tout comme les médias traditionnels, les grandes universités sont des institutions établies depuis de nombreuses décennies, jouissant d’une solide crédibilité. Cependant, l’avènement du Web Social influence désormais le comportement des communautés étudiantes, les incitant de plus en plus à rechercher des informations de manière collaborative et à remettre en question le concept de détention exclusive du savoir. Dans son article « Médias en crise – De la qualité de l’information dépend celle du débat citoyen (2005) », Ignacio Ramonet évoque les principales raisons de cette remise en question qui s’appliquent bien au contexte universitaire : Gratuité et disponibilité de l’information, décentralisation de son contrôle, authenticité et plus grande transparence, démocratisation et enfin, en marge des pressions exercées par les pouvoirs économique et politique.

À mesure que nous progressons vers l’avenir, il est essentiel de continuer à explorer de nouvelles façons d’exploiter le potentiel du Web Social pour créer des environnements d’apprentissage plus inclusifs, dynamiques et centrés sur l’apprenant (Vinichenko et al., 2020). À titre d’exemple, des systèmes intuitifs et efficaces de référencement et d’accompagnement pourraient être mis en place pour les personnes ayant des besoins particuliers tels que des besoins d’accommodements ou de l’aide de multiples services simultanément (ex : soutien à l’apprentissage, en situation de handicap, allophone, etc.). Ce référencement pourrait même être étendu à l’année qui précède l’arrivée à l’université afin d’offrir un accompagnement 360 degrés.

Moyen terme : Élargissement de la communauté d’apprentissage

Cinq ans

Bien que la population étudiante se compose de plusieurs groupes hétérogènes avec ses propres caractéristiques, comportements et préférences en matière d’interaction, la plupart des jeunes étudiants continueront de privilégier les interactions en ligne. Ils chercheront également des expériences plus personnalisées, alignées sur leurs intérêts individuels plutôt que collectifs.

D’ici cinq ans, les plateformes d’apprentissage social émergeront comme des espaces virtuels où les étudiants pourront travailler ensemble sur des projets, participer à des discussions et bénéficier de l’expertise de leurs pairs et de leurs enseignants. Les environnements d’apprentissage adaptatifs pousseront plus loin l’usage de l’intelligence artificielle pour personnaliser l’expérience en fonction des besoins et des préférences de chaque apprenant, offrant un soutien individualisé et des recommandations de contenu.

Les innovations – Assistant professeur

Des applications de type Jill Watson continueront de voir le jour et de se perfectionner. Jill Watson, introduit en 2016, est un programme d’assistanat (TA – Teaching Assistant) basé sur la plateforme IBM Watson, créé pour répondre à certains types de questions fréquemment posées sans l’aide d’humains. Le professeur Ashok Goel de la Georgia Institute of Technology a testé deux de ces TA dans sa classe aux côtés de TA humains sans en informer les élèves avant la fin de la session. Les TAs virtuels ont été bien intégrés dans le cours, répondant aux questions des étudiants et participant aux discussions de manière naturelle. Bien que l’un des TAs virtuels n’ait pas été aussi efficace que prévu, les étudiants ont été globalement satisfaits de leur performance. L’utilisation de TAs virtuels a entraîné une plus grande implication des étudiants dans le cours et a été reconnue comme une innovation majeure dans le domaine de l’éducation (Maderer, 2017).

Les innovations – Apprentissage automatique

En termes de recrutement, les universités adopteront des approches plus holistiques, axées sur les données pour attirer les meilleurs talents. L’analyse prédictive et l’apprentissage automatique seront utilisés pour identifier les candidats potentiels qui correspondent le mieux à la culture et aux valeurs de l’institution, tout en optimisant les stratégies de communication pour maximiser leur engagement (Owoc et al., 2021).

Les plates-formes de gestion de l’apprentissage automatique (LM) sauront améliorer l’expérience, en intégrant des fonctionnalités sociales telles que les forums, les salles de chat et les groupes d’étude en ligne, permettant d’interagir et de collaborer plus aisément. La plupart des institutions d’enseignement supérieur réputées ont compris que l’IA et le LM représentent à la fois le présent et l’avenir dans l’éducation et dans le développement progressif du monde. Les résultats sont impressionnants : 65 % des universités aux États-Unis soutiennent l’apprentissage assisté par l’IA et le LM. De plus, ces systèmes apportent une aide précieuse aux enseignants et aux conférenciers dans les meilleures écoles. Par exemple, les estimations indiquent que l’IA dans l’éducation aux États-Unis a augmenté de 47,5 % entre 2017 et 2021. Un bon exemple d’adoption de l’IA vient de l’Université de Derby, qui a introduit un système qui surveille les données pour prédire quand les étudiants sont susceptibles d’abandonner afin de signaler des interventions en temps opportun (Kuelto et al., 2021).

Le suivi personnalisé des parcours permettra également de soutenir les efforts philanthropiques en convertissant les diplômés en donateurs de manière plus organique.

Les innovations – RV et RA

Parallèlement, les universités commenceront à explorer des approches plus innovantes, telles que la réalité virtuelle (RV) et la réalité augmentée (RA), pour créer des visites des campus et des environnements d’apprentissage immersifs quasi réels. Ces technologies offriront aux futurs étudiants la possibilité de découvrir les installations et les cours sans avoir à se rendre physiquement sur place, élargissant ainsi le bassin de recrutement et améliorant l’expérience utilisateur.

Dix ans

La prochaine décennie devrait amener une collaboration accrue des institutions avec la technologie. Les universités deviendront des producteurs de contenu de premier plan, générant des connaissances et des idées novatrices qui auront un impact mondial dans le domaine de la diffusion de l’information. Elles joueront également un rôle central dans la promotion de la citoyenneté numérique et de la littératie médiatique, préparant les étudiants à naviguer dans un monde de plus en plus connecté et complexe.

L’éducation intelligente

Les auteurs de l’article A research framework of smart education, (Zhu et al., 2016) définissent ce type d’innovation comme étant L’Éducation Intelligente. Un concept qui décrit l’apprentissage à l’ère numérique. Le cadre de pédagogie intelligente comprend l’instruction différenciée en classe, l’apprentissage collaboratif en groupe, l’apprentissage personnalisé individuel et l’apprentissage génératif de masse, assurant ainsi une prise en charge holistique du parcours.

Le libre partage des connaissances scientifiques

Les programmes d’études mettront l’accent sur le développement de compétences, telles que la pensée critique, la résolution de problèmes et la collaboration, essentielles pour réussir dans une société en évolution rapide. Les initiatives de recherche ouverte et de publication en libre accès se multiplieront, favorisant la collaboration interdisciplinaire et la diffusion rapide des découvertes scientifiques. Quoique plus facile à dire qu’à faire, selon Michael Nielsen. En effet, des barrières perdurent dans le monde des scientifiques. Son article The Future of Science (2008), décrit comment la culture freine l’adoption des outils technologiques, principalement du Web Social « This change will not be achieved without great effort. From the outside, scientists currently appear puzzlingly slow to adopt many online tools. This is a consequence of some major barriers deeply embedded within the culture of science ».

L’ouverture sur le monde

Le Web Social continuera tout de même d’évoluer, devenant un espace de collaboration et de partage élaboré de connaissances. Les universités joueront un rôle de plus en plus actif dans la création de réseaux d’apprentissage en ligne, permettant aux étudiants du monde entier de se connecter, de collaborer et d’échanger des idées. La pandémie avait permis à cette innovation de voir le jour et a attiré un grand nombre de nouveaux étudiants internationaux, générant d’importantes retombées économiques pour les universités.

La réouverture des frontières en 2021-2022 a toutefois fait reculer cette évolution. En effet, l’application des subventions gouvernementales destinées aux étudiants présents sur le territoire a contraint les personnes de l’étranger à venir s’installer au Canada pour poursuivre leurs études. Cependant, les nouvelles restrictions envisagées par le ministre Miller qui prévoient dorénavant des quotas sur le nombre d’étudiants internationaux autorisés à venir au Canada chaque année, viendront-elles changer la donne pour les années à venir? Cela permettra-t-il un assouplissement des règles pour un retour au 100% virtuel d’ici dix ans?

Long terme : Essor de la transformation numérique

Vingt ans

Dans vingt ans, le Web Social aura transformé radicalement le paysage de l’enseignement supérieur, remettant en question les structures traditionnelles et ouvrant de nouvelles possibilités d’apprentissage et de collaboration. On pourrait penser à une bibliothèque virtuelle qui fonctionne dorénavant avec un système de folksonomie[1]. Les universités seront des catalyseurs de changement social et économique, intégrant pleinement les principes du Web Social dans leur fonctionnement quotidien.

Les MOOC

Les frontières entre les disciplines académiques s’estomperont, laissant place à une approche d’apprentissage qui encourage la collaboration interdisciplinaire et la résolution de problèmes complexes. Les programmes d’études seront conçus de manière flexible, permettant aux apprenants de personnaliser leur parcours en fonction de leurs intérêts, de leurs compétences et de leurs objectifs de carrière, avec une plus grande diversité de formats d’apprentissage, tels que les micro-apprentissages, les cours en ligne massivement ouverts (MOOC) (Alan et Mohanty, 2023) et les expériences d’apprentissage par projet (Dhawan et Batra, 2020).

L’Intelligence artificielle

Sur le plan technologique, les avancées telles que l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle continueront de façonner l’expérience éducative, offrant des possibilités innovantes pour l’enseignement et l’apprentissage. Ce graphique illustre bien son évolution durant les quarante prochaines années (Owoc et al., 2021).

Les systèmes d’apprentissage adaptatif utiliseront des algorithmes avancés pour personnaliser le contenu et les activités en fonction des besoins individuels des étudiants, améliorant ainsi l’efficacité et la pertinence de l’éducation. De tels systèmes contiennent une conceptualisation sémantiquement connectée au contenu à enseigner, un moyen de savoir ce que l’apprenant comprend ou non, et une méthode de diffusion qui adapte cette instruction en conséquence. Il semble que les premiers systèmes n’aient pas été suffisamment bien exécutés pour devenir populaires, mais ils devraient néanmoins fournir une base solide pour que les futures machines d’enseignement en tirent des leçons (Ferster, 2017).

En effet, s’ils sont utilisés adéquatement à des fins pédagogiques, les CHATGPT de ce monde ont le potentiel d’améliorer plusieurs sphères de l’enseignement, des innovations et des évaluations grâce à des systèmes de tutorat intelligents, des chatbots, des robots, des tableaux de bord d’analyse de l’apprentissage, des systèmes d’apprentissage adaptatifs et des évaluations automatisées (Fullan et al., 2023). Bien entendu, il existe des risques. L’IA est à la fois puissante et dangereuse. Aussi bien l’apprivoiser! Stephen Hawking dans une entrevue à la BBC en 2014 a dit : « L’IA sera la meilleure ou la pire chose qui soit arrivée à l’humanité » (Daninos, 2018).

Les méthodes d’évaluation

En termes d’évaluation, les universités adopteront des méthodes plus globales et axées sur les compétences, reconnaissant la valeur des réalisations et des expériences non traditionnelles. Les portfolios numériques deviendront des outils standard pour documenter tant les réalisations académiques, qu’extracurriculaires, offrant une représentation plus complète des compétences et du potentiel des étudiants (Dong et Zhang, 2016).

La blockchain et l’IoT

Les technologies émergentes telles que la blockchain et l’internet des objets (IoT) seront pleinement intégrées dans l’infrastructure universitaire, permettant une gestion transparente des infrastructures, des informations académiques, des certifications et des compétences. D’une part, orienté vers la gestion des biens dans une optique de développement durable, tels que la surveillance de l’utilisation des salles, le contrôle de l’éclairage et du chauffage, et d’autre part, vers le soutien à l’orientation et à la surveillance (Cox, 2021). Les diplômes traditionnels seront complétés par des badges numériques et des portefeuilles de compétences, offrant aux étudiants une représentation globale de leur parcours éducatif et professionnel (Khare et al., 2018).

Les assistants virtuels

Dans un horizon de vingt ans, les étudiants auront accès à des environnements d’apprentissage virtuels ultraréalistes, où ils pourront interagir avec des avatars intelligents et explorer des simulations dans une multitude de domaines. Même les services administratifs de première ligne destinés aux étudiants pourront être offerts via un adjoint AI de style Siri ou Alexa, permettant aux employés de se concentrer sur d’autres tâches qui nécessitent davantage de créativité (Cox, 2021).

La place des enseignants dans le Web Social

Une dualité existe entre l’école de pensée qui prêche pour une éducation traditionnelle par l’apprentissage de connaissances et celle qui croit en l’apprentissage de compétences. Plusieurs chercheurs croient en la nécessité de repenser la valorisation de la connaissance. Par exemple, en sortant du cadre traditionnel de l’enseignement, en se concentrant sur l’application pratique des savoirs (Dumais, 2009). En transitionnant vers un univers numérique, les jeunes générations deviennent des acteurs clés, mais les enseignants doivent également s’adapter à cette évolution rapide pour rester pertinents. Les avantages sont évidents, en commençant par créer une communauté forte et bâtir des relations plus saines entre apprenants et enseignants.

Le meilleur outil de Web Social disponible pour les enseignants est le média social lui-même. « Ce n’est qu’en étant ouverts d’esprit et en utilisant la technologie eux-mêmes qu’ils pourront vraiment atteindre les étudiants ». « Débattre sur le sujet de la méiose sur Twitter en utilisant un hashtag spécifique est une excellente opportunité pour les étudiants de s’amuser et d’apprendre en même temps », raconte Lori Wade, une blogueuse de Georgetown University.

« Les meilleurs enseignants que j’ai jamais eus ont utilisé la technologie pour améliorer le processus d’apprentissage, y compris les pages Facebook et les événements pour les projets à venir – évoque Katie Benmar, étudiante de première année à Georgetown University »

Autre angle de réflexion

Alors que l’accès à une richesse d’informations sur le Web est reconnu, les utilisateurs se limitent-ils à consulter des sources qui confortent leurs opinions (Biais)[2], ou ont-ils réellement l’opportunité d’être exposés à des points de vue différents? L’article de Claude Gauvreau (2021) Reconnaître les biais cognitifs pourrait vous intéresser si vous souhaitez en apprendre sur les biais. Bien que certains craignent une concentration de sites reflétant uniquement certaines opinions, il est clair que le web social se distingue des médias traditionnels en offrant de nombreuses voix, souvent marginalisées, pouvant désormais s’exprimer librement (Flichy, 2008).

Des préoccupations morales viennent s’ajouter aux inquiétudes. Les années passées à l’université et les expériences acquises sur le campus sont essentielles pour tous les étudiants. Elles influencent profondément leurs pensées et leurs actions. Dans ce contexte, l’utilisation des technologies pose des questions éthiques. Comme le soulignent Ma et Siau (2018), « il est inutile de prétendre rivaliser avec la technologie. Toutefois, elle est encore faible en compétences douces telles que la créativité, l’innovation, la pensée critique, la socialisation, le leadership, l’empathie, la collaboration et la communication ». L’humain a donc tout a gagner de se l’approprier.

Dans cette perspective, les universités ne devraient pas se replier, mais plutôt agir en tant que gardiennes, adoptant des approches similaires à celles d’upstract.com ou des célèbres décrypteurs. Elles doivent également former les apprenants sur l’utilisation des technologies et les accompagner pour développer leur jugement et leur pensée critique, comme le souligne danah boyd (2007).

Conclusion

En conclusion, le Web Social est en train de transformer profondément l’enseignement supérieur. Il ouvre de nouvelles possibilités pour le recrutement, la diffusion, le partage d’informations et de connaissances à travers le monde. À court terme, nous assisterons à une adoption accrue des outils numériques et des médias sociaux pour améliorer l’engagement des étudiants. À moyen terme, nous verrons l’émergence de communautés d’apprentissage en ligne dynamiques et collaboratives. Et à long terme, le Web Social transformera fondamentalement la façon dont nous concevons, accédons et partageons le savoir dans l’enseignement supérieur et dans la communauté.

Alors que la vitesse des changements technologiques ne cesse de s’accroître, il est crucial pour les universités d’adopter une approche proactive pour tirer parti des opportunités offertes par le Web Social. C’est ainsi qu’elles pourront façonner un avenir de l’enseignement supérieur qui soit inclusif, innovant et axé sur l’apprenant, répondant aux besoins et aux défis des sociétés.

Références

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boyd, d. (2007, mai). social network sites: public, private, or what? apophenia, danah boyd’s blog.

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Flichy, P. (2008, Janvier). Internet, un outil de la démocratie? La vie des idées.

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[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Folksonomie

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_de_confirmation

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