Les politiques d’immigration et les exigences pour les étudiantes et les étudiants internationaux dans divers pays ont connu des ajustements considérables ces derniers mois, suscitant un intérêt mondial et ayant un impact significatif sur les mouvements et les opportunités d’études à l’étranger. Des pays comme l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada ont introduit des réformes majeures pour réduire les flux migratoires des étudiantes et des étudiants, et leur assurer une meilleure intégration dans leurs systèmes éducatifs respectifs.
Australie : Réduction drastique des niveaux de migration et réorientation vers les personnes migrantes hautement qualifiées
L’Australie a annoncé une réduction drastique de ses niveaux de migration au cours des prochaines années. Les projections suggèrent une diminution progressive de ces chiffres, passant de 510 000 en 2022-2023 à 375 000 pour l’exercice financier actuel. Cette mesure vise à ramener l’immigration à des chiffres durables tout en atténuant la pression sur le marché du logement et en recentrant l’attention sur les personnes migrantes hautement qualifiées.
Le gouvernement australien envisage d’adopter une approche plus sélective, réduisant les obstacles bureaucratiques pour les personnes qualifiées tout en freinant l’entrée de celles peu qualifiées, plus vulnérables à l’exploitation. Ces réformes touchent principalement les personnes étudiantes cherchant à entrer dans la main-d’œuvre temporaire du pays. Des mesures telles que le renforcement des exigences linguistiques, l’évaluation minutieuse des demandes qualifiées de “plus risquées”, et le resserrement des visas pour les personnes diplômées à l’étranger visent à prévenir l’abus du système de visas étudiants.
Royaume-Uni : Révision de la trajectoire des personnes diplômées et critères plus stricts pour les migrantes et les migrants
Au Royaume-Uni, des changements dans la politique d’immigration sont également en cours. Le gouvernement britannique a révélé un plan en cinq points visant à réviser la trajectoire des diplômés pour prévenir les abus, et à sélectionner rigoureusement les personnes migrantes. Parmi ces changements, on compte une augmentation du revenu disponible pour immigrer, la réduction du nombre de personnes à charge pouvant accompagner la demanderesse ou le demandeur, et la révision de la liste des emplois en pénurie de main d’oeuvre.
Des mesures plus strictes concernant aussi les étudiantes et les étudiants étrangers ont été annoncées; l’interdiction d’être accompagné(e) de ses personnes à charge, l’augmentation des seuils financiers et la limitation des possibilités de passage à des visas de travail avant la fin des études en sont quelques exemples. Ces ajustements sont destinés à contrôler le nombre de personnes immigrantes, tout en préservant l’intégrité du secteur de l’enseignement supérieur.
Canada : Exigences financières accrues pour les personnes étudiantes en provenance de l’étranger et mesures pour un meilleur support de la part des établissements d’enseignement
Au Canada, des ajustements majeurs ont été apportés aux exigences financières pour les étudiantes et les étudiants internationaux. Le gouvernement canadien a relevé le seuil de preuve financière pour les demanderesses et les demandeurs de permis d’études, exigeant que ces personnes disposent dorénavant du double de la somme par rapport aux années antérieures, soit un montant de 20 635 dollars en fonds, en plus des frais de scolarité et autres dépenses de subsistance. Le seuil de 10 000 $, demandé jusqu’à tout récemment, n’avait pas été revu depuis deux décennies et ne reflètait pas le coût actuel de la vie, mettant en péril l’équilibre budgétaire souvent déjà précaire de certaines personnes de la communauté étudiante internationale. Ces changements visent donc à garantir que ces personnes ont bel et bien les ressources financières suffisantes pour subvenir à leurs besoins lors de leur séjour d’études au Canada.
De plus, le gouvernement canadien a prévenu les établissements d’enseignement que de fournir un soutien adéquat à leur communauté étudiante internationale relevait de leur responsabilité, notamment en matière de logement, de santé et d’expérience académique. Des menaces de limiter les visas ont d’ailleurs été formulées si ces problèmes persistes. Ces ajustements ont pour objectif de protéger les personnes étudiantes en provenance de l’international contre des situations de précarité financière, de vulnérabilité et d’exploitation tout en mettant l’accent sur la qualité de l’expérience étudiante.
Québec : Maintenir l’identité et répondre au déclin démographique
À plus petite échelle, Québec se montre plus ouvert. Le gouvernement Legault du Québec a, quant à lui, récemment annoncé le maintien des seuils d’immigration en place jusqu’en 2025, mais avec une ouverture notable pour accueillir un nombre plus important de personnes étudiantes étrangères francophones diplômées, portant ainsi le nombre de personnes immigrantes admises dans la province à au moins 56 500 par an. La ministre Christine Fréchette a présenté un plan d’immigration sur deux ans, refusant l’idée d’augmenter les cibles à 60 000 personnes annuellement malgré la pénurie de main-d’œuvre.
Le Premier ministre Legault a justifié cette décision en soulignant l’impératif de préserver l’identité québécoise et de freiner le déclin du français. Il a exprimé une inquiétude majeure quant à l’impact de l’immigration sur la préservation de la culture et de la langue française, affirmant que maintenir le français comme langue prédominante est une priorité dans l’accueil des nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants. Le vieillissement de la population québécoise est également un aspect influençant la politique d’immigration, le Québec étant confronté à un vieillissement démographique significatif.
Cette réalité démographique pose des défis socio-économiques, notamment en termes de main-d’œuvre et de contribution à la retraite et au système de santé. L’immigration est perçue comme une réponse à cette situation démographique pour préserver une population active dynamique et stimuler l’économie. Toutefois, cette approche doit être équilibrée avec la préservation de l’identité québécoise francophone, ce qui représente un défi supplémentaire pour les autorités.
Un passeport pour un avenir meilleur
En somme, ces réformes dans les politiques d’immigration et les exigences pour les étudiantes et les étudiants internationaux visent à contrôler les flux migratoires et à assurer un meilleur soutien aux personnes pendant leurs études à l’étranger. Ces changements ont des implications significatives pour les futurs parcours migratoires dont le projet d’études est parfois la [seule] porte d’entrée. Ces mesures sont-elles réellement le remède pour freiner les déplacements de milliers de personnes qui aspirent à un avenir plus prometteur que celui, parfois obscur, qui s’offre à elles dans leur pays d’origine, malgré un diplôme en poche?






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