Le web regorge d’informations sur les raisons et les façons d’immigrer au Canada par la voie des études postsecondaires. Plusieurs expertes et experts en immigration promouvoient le système éducatif canadien comme étant l’un des meilleurs au monde. Les avantages sont nombreux : qualité de vie, enseignement bilingue, frais de scolarité et coût de la vie avantageux par rapport à d’autres destinations comme les États-Unis ou le Royaume-Uni offrant des diplômes similaires, principalement en raison du taux de change du dollar canadien. Les gouvernements canadien et québécois font également la promotion de ces avantages.

Cependant, en raison de l’inflation post-pandémique, des mouvements migratoires liés aux instabilités politiques, de la mobilité internationale et de la recrudescence des fraudes, certains pays dont le Canada a récemment resserré les règles pour l’obtention d’un permis d’études. Pour en savoir davantage sur ce sujet, lisez Des changements importants L’une des principales préoccupations du gouvernement concerne la prolifération de fausses lettres d’acceptation émanant d’établissements d’enseignement. En effet, les futures étudiantes et étudiants aspirant immigrer deviennent plus vulnérables à la fraude à l’ère numérique. Mais qu’en est-il de celles et ceux qui, souhaitant désespérément un avenir meilleur, présentant un dossier de support financier contenant des ressources auxquelles ils/elles n’auront pas réellement accès durant leur séjour, et ce, en toute connaissance de cause?

[Prénoms fictifs] Prenons l’exemple de Max qui a présenté les actifs et les preuves de capacité financière de son oncle alors que ce dernier n’a jamais eu l’intention de l’aider financièrement durant ses études à l’étranger. Et d’Alex, dont le père possède quelques propriétés à revenus, mais qui sont habitées par des membres de la famille qui ne paient pas de loyer et dont la vente n’est pas envisagée. Dans les deux cas, ces personnes ont obtenu un permis d’études sur des ressources auxquelles elles n’avaient pas accès pour financer leur projet et se sont retrouvées dans l’incapacité de couvrir leurs dépenses dès le début de leur parcours d’études au Canada.

Résultats

Difficultés à payer le loyer, à se nourrir, problèmes de recouvrement pour comptes en souffrance avec la compagnie de téléphonie cellulaire et d’électricité, et impossibilité de poursuivre les études en raison d’un solde de frais scolaires impayés.

Conséquences

Irrégularité des documents d’immigration, perte du statut étudiant et du droit de travailler.

C’est, entre autres, dans le but d’éviter ce genre de situation qu’il est primordial de fournir des preuves tangibles de soutien financier pour obtenir un permis d’études. Il faut également faire ses devoirs pour s’informer en amont sur le coût réel des études et des autres dépenses avant d’entreprendre son périple.

Emploi

Le gouvernement octroie les permis d’études en se basant sur une analyse des preuves de soutien financier pour au moins une année, en plus de s’assurer que les fonds seront disponibles pour toute la durée des études. Cette prérogative fondamentale accompagne l’individu tout au long de son parcours d’études. Nous verrons comment dans ce billet.

Par conséquent, le gouvernement hésite à accroître la limite de 20 heures de travail par semaine autorisées pendant les études, craignant que cela ne nuise aux performances scolaires, voire à la diplômation, but premier du séjour. (Exceptionnellement, cette limite est levée jusqu‘en avril 2024 pour certaines personnes – des conditions s’appliquent). Si le dossier financier répond aux nouvelles normes imposées par le gouvernement – détenir plus de 20 000 $ canadiens en liquidités, additionné aux frais de scolarité et de subsistance –, le travail devient une expérience enrichissante du parcours d’études internationales plutôt que la principale source de revenus pour financer les études. Cependant, cette règle soulève les passions dans la communauté étudiante internationale qui demande une levée définitive de la limite des heures de travail, qui plonge actuellement plusieurs personnes dans la précarité.

Dans l’optique où ce plafond était supprimé, cela demeurerait irréaliste pour beaucoup de candidates et de candidats du 1er cycle universitaire dont les frais scolaires, à eux seuls, s’élèvent à plus de 22 000 $ canadiens par an. Prenons l’exemple de Montréal. Il y a plusieurs emplois étudiants disponibles. L’article Emploi étudiant à l‘étranger de cette série sur le financement fait le tour des astuces pour trouver un emploi. Ce sont des emplois non-qualifiés qui permettent à des personnes étudiantes de travailler durant leurs études. Au Québec, c’est culturellement accepté voire recommandé d’avoir une expérience sur le marché du travail en parallèle à ses études. Ces emplois sont considérés non-qualifiés puisqu’ils ne requierent pas que la personne ait obtenu son diplôme ou de l’expérience professionnelle liée à son domaine d’études. Ce sont des emplois, pour la plupart, qui nécessitent des aptitudes en service à la clientèle, par exemple, pour occuper des poste de commis dans des commerces, des restaurants, des centres d’appels, etc. Des sites web de recherche d’emplois, tels qu’Indeed, offrent une liste impressionnante de ces opportunités.

Scénario d’un emploi au salaire minimum

Effectuons un calcul simplifié pour les besoins de l’exercice. Si le salaire horaire proposé est au taux minimum, qui est de 15,25 $ dans la province de Québec (révisé chaque année en mai), et que l’on travaille disons 30 heures par semaine, la rémunération annuelle totale serait de 23 790 $. De cela, des déductions pour les charges sociales et les impôts du Québec et du Canada sont prélevés. Bien que la personne puisse ou non bénéficier d’un remboursement au moment de faire sa déclaration fiscale pour une partie de ces déductions, il reste que chaque mois, moins d’argent contribue aux dépenses. Avec plus de 22 000 $ de frais scolaires à payer, un loyer, et les autres dépenses de subsistance, 30 heures de travail ne sont pas suffisantes. Nous détaillerons les différents éléments d’un budget étudiant typique dans un article ultérieur.

Ajoutons à ce scénario la difficulté de trouver rapidement un emploi pour diverses raisons, notamment l’adaptation à la culture, à l’environnement et aux usages, mais surtout aux horaires de cours contraignants et à la charge d’études. Il peut donc être difficile de travailler plus de 20 heures par semaine sans compromettre le projet d’études. De plus, le délai (plus ou moins long) pour trouver un travail réduit parfois de manière significative les épargnes de départ, générant un stress qui nuit à la concentration pour réussir les cours. Nous discuterons dans un prochain article des différentes façons de se préparer à la recherche d’emploi et des variables à considérées.

Bourses d’études

Les bourses d’études existent. Ce qui est une bonne nouvelle! Il existe différents types de bourses : exonoration des frais majorés, bourses d’exemption, bourses provenant de dons, bourses de recherche et subventions gouvernementales, etc. Les montants varient autant que les critères d’éligibilité. Par exemple, il est possible (sous certaines conditions) qu’elles couvrent une grande partie des frais pour une personne inscrite dans un programme de 2e ou 3e cycle en recherche. Cependant, elles peuvent ne couvrir qu’une petite fraction des frais pour quelqu’un inscrit dans un programme de premier cycle universitaire.

En général, la prémisse selon laquelle l’individu a obtenu son permis d’études sur la base de ressources financières suffisantes s’applique encore au moment de candidater pour une bourse de soutien financier. Par conséquent, il existe peu d’options pour les personnes de la communauté étudiante internationale à la recherche d’un soutien financier via des bourses, en particulier au début du parcours. Il est toutefois possible de compter sur des bourses dans le cas d’un accord formel avec un organisme du pays d’origine ou avec la personne dirigeant les travaux de recherche (réservé aux personnes suivant un programme universitaire de 2e ou 3e cycle en recherche). Lisez les articles Démystifier les bourses d’études Partie 1 et Partie 2 qui explorent l’univers et les mythes et réalités des bourses d’études.

Prêt étudiant

Il incombe à la personne étudiante d’avoir le financement nécessaire au paiement de ses frais scolaires, et de régler ses factures avant une certaine date, déterminée par l’établissement d’enseignement, sans quoi des pénalités et des frais d’intérêts mensuels peuvent s’appliquer. La plupart des établissements d’enseignement n’accordent pas de prêt ou d’avance de fonds pour permettre aux personnes étudiantes de différer sur plusieurs mois le paiement de leurs frais scolaires. Il faut donc se renseigner à l’avance auprès du service des droits de scolarité de l’établissement d’accueil pour connaître la politique en vigeur à ce sujet.

De plus, un emprunt bancaire via une institution financière canadienne est rarement une option pour une personne nouvellement arrivée en sol canadien puisqu’elle n’a pas d’antécédents de crédit. Certaines personnes de la communauté étudiante internationale réussiront à obtenir un prêt après plusieurs mois de résidence sur le territoire, ainsi qu’avec l’aide d’un(e) cosignataire et/ou des preuves de revenu provenant d’un emploi stable au Canada. Au besoin, renseignez-vous auprès de l’institution financière que vous choisirez pour ouvrir un compte bancaire d’opérations courantes, si nécessaire.

Si l’endettement semble inévitable en raison d’un manque de ressources pour financer le projet d’études, il est essentiel de se tourner vers le pays d’origine avant le départ pour voir s’il est possible d’obtenir un prêt pour études à l’étranger auprès d’une ou de plusieurs entités. Il est crucial de comprendre toutes les conditions applicables, y compris le montant accordé, les conditions à respecter et les délais de remboursement, le cas échéant. Ces prêts peuvent être accessibles à la personne qui souhaite faire des études ou à des membres de sa famille si ces derniers peuvent fournir des garanties.

Aide familiale

La famille doit demeurer la principale source de financement, surtout en cas de d’imprévu ou d’urgence. Dans le cas où la personne est cheffe de famille, c’est-à-dire avec un(e) conjoint(e) et des enfants à charge, ou parent célibataire, elle doit être financièrement autonome ou compter sur l’aide de son partenaire, si possible, surtout si elle ne peut plus compter sur ses parents.

Puisque le permis d’études est délivré en fonction de la disponibilité des fonds, les programmes d’aide financière pour alléger le fardeau des nouveaux et nouvelles venues de l’international sont très limités. Il est donc primordial que le montage financier qui a permis à la personne d’obtenir son permis d’études soit viable et respecté. Si un membre de la famille s’est porté garant, cette personne doit honorer son engagement pour assurer la réalisation du projet.

Préparation

Une bonne préparation et des plans de contingence solides sont essentiels pour réussir un projet d’études à l’international. L’individu doit élaborer des solutions potentielles en cas de circonstances imprévues, telles que :

  • La personne garantissant son financement perd sa principale source de revenus, réaffecte ses ressources ailleurs, tombe malade ou décède;
  • Ses documents d’immigration sont non conformes, l’empêchant temporairement de travailler jusqu’à ce que sa situation soit régularisée;
  • Les fonds de son pays d’origine sont bloqués pour diverses raisons (coup d’État, nouvelles réglementations, limites sur les transferts de devises étrangères, etc.), limitant l’accès à ses ressources;
  • Une dévaluation soudaine de la monnaie modifiant les ressources;
  • Des instabilités politiques connues, suspectées ou prévisibles entraînant des problèmes économiques et des inquiétudes financières.

Il est donc fortement déconseillé de manipuler la demande de permis d’études en fournissant des preuves de soutien financier de personnes disposées à aider, mais pas réellement engagées à soutenir financièrement le projet d’études. Il n’existe pas de filet de sécurité financière. Cela peut occasionner un immense stress sur les études, un risque d’échecs et de développer des problèmes de santé mentale, d’isolement, d’insécurité, une précarité importante, et par conséquent, une vulnérabilité à l’exploitation.

Ce qui conduit aux mêmes résultats et est tout aussi inquiétant que les fausses lettres d’acceptation d’établissements d’enseignement aux pratiques douteuses qui préoccupent tant le gouvernement canadien.

Pour connaître les solutions, les étapes d’une préparation adéquate, et comment faire de son projet un succès, je vous donne rendez-vous dans les prochains articles de la série sur le financement des études. Prochain arrêt, Financer ses études à l’international.

4 responses to “Le prix d’un diplôme”

  1. Texte très intéressant sur les défis financiers auxquels font face les étudiants internationaux au Canada.

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  2. […] Informez-vous sur les démarches légales et administratives pour travailler à l’étranger en tant qu’étudiant(e), comme l’obligation de posséder un permis de travail ou un visa. Soyez renseigné(e) sur les Lois et règlementations locales en matière de normes du travail et de santé et sécurité en emploi (ex: CNESST au Québec). Pour en savoir davantage sur le sujet, consultez les articles Des changements importants… et Le prix d’un diplôme. […]

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  3. […] L’information n’étant pas centralisée, des fraudeurs plagient des sites, utilisent de faux liens et des noms d’emprunt qui ressemblent à ceux qui sont crédibles pour semer la confusion ou créent des groupes sur les réseaux sociaux pour vous inviter à leur faire confiance et partagent parfois des astuces tordues pour réussir à immigrer. Pour en apprendre davantage sur les risques inhérents à la présentation de fausses preuves de capacité financière, lisez Le prix d’un diplôme. […]

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  4. […] Des informations additionnelles pour la préparation du séjour se trouvent dans les articles Le prix d’un diplôme et Des changements […]

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